Avec les Jeux Olympiques et paraolympiques de 2024, la santé psychologique des athlètes est depuis plus que jamais au cœur de l’actualité. La santé mentale fait partie prenante de la santé globale et son équilibre est nécessaire pour avoir accès à son plein potentiel en tant que sportif de haut niveau.
L’identité du jeune sportif se forge dès l’enfance et se poursuit tout au long de son développement. Le point culminant afin d’atteindre les niveaux supérieurs d’une discipline est en général entre 12 et 18 ans. Ainsi, prendre soin de sa santé dans sa globalité, et ce, dès le plus jeune âge, devrait faire partie des apprentissages à développer pour pouvoir rêver de triompher dans son sport.
Une santé globale équilibrée pour mieux performer
Bien qu’une force mentale accrue et une discipline bien intégrée soient nécessaires, plusieurs autres facteurs, parfois imprévisibles, semblent influencer la dimension psychologique comprise dans une santé équilibrée. Par conséquent, la santé mentale chez ces jeunes est un vecteur de performance dans leur discipline. Étant donné les exigences élevées, les athlètes sont à risque de voir leurs capacités mentales se détériorer ou de développer un trouble mental.
La prévalence des sportifs de haut niveau aux prises avec des problématiques de santé mentale s’élève en moyenne à 25 %. Ce pourcentage peut même atteindre 45% pour certaines problématiques, dont les troubles du comportement alimentaire, le trouble d’usage de substances, l’anxiété, la dépression et les problématiques suicidaires (Åkesdotter et coll, 2020; INS Québec, 2024)
L’endurance mentale demande un entrainement au même titre que la forme physique, car elle fluctue au fur et à mesure que l’athlète avance dans son parcours et demeure nécessaire pour performer (Bédard-Thom, Guay & Trottier, 2022). Les capacités d’adaptation sont souvent sollicitées pour ces sportifs, puisqu’ils doivent constamment composer avec un niveau de stress intense et un rythme exigeant. Pour ces raisons, le sportif peut avoir besoin de recourir à une équipe de professionnels diversifiée (psychologue sportif, préparateur mental, nutritionniste, physiothérapeute, kinésithérapeute, etc.).
L’infirmière praticienne spécialisée en santé mentale : un atout méconnu pour les sportifs de haut niveau
Lorsque le jeune athlète présente des symptômes s’apparentant à un trouble de santé mentale (ex: découragement, anxiété, insomnie, perte d’appétit, ruminations mentales, perte d’intérêt, etc.), le réseau de professionnels et la famille sont fortement mobilisés pour l’aider à retrouver un équilibre. En outre, le traitement et l’intervention précoce permettent de redonner espoir rapidement et retrouver son plein potentiel plus facilement.
C’est à cette étape que l’infirmière praticienne spécialisée en santé mentale (IPSSM) doit se joindre aux membres de l’équipe traitante afin, entre autres, d’évaluer, de diagnostiquer et d’établir un plan de traitement adapté à chacun. L’IPSSM peut aussi recommander au jeune athlète un plan de traitement psychologique (la méditation, la pleine conscience, l’imagerie mentale, la visualisation, l’EMDR, etc.) l’aidant ainsi à développer une plus grande résilience pour maintenir ou améliorer sa santé mentale et ultérieurement, sa performance (Durand-Bush, N., & Van Slingerland, K, 2021). La combinaison de ces stratégies à un traitement pharmacologique peut être parfois nécessaire.
Les compétences d’une infirmière praticienne spécialisée en santé mentale au profit des sportifs de haut niveau et de leur famille
En fait, l’IPSSM est une professionnelle qui a la possibilité d’allier sa vision globale de la santé à l’évaluation des symptômes qui s’apparente à un trouble de santé mentale. De plus, elle peut prescrire les traitements (pharmacologiques ou non pharmacologiques) appropriés. De par son champ d’exercice (OIIQ, 2021), elle devient un incontournable dans l’équipe de professionnels entourant les sportifs de haut niveau. Son implication au temps opportun permet d’intervenir pour maintenir un équilibre entre santé mentale et physique et ainsi atteindre les buts tant convoités en plus de garder espoir lors des périodes plus sombres.
Par ailleurs, comme nous le savons bien, il y a beaucoup d’appelés et peu d’élues dans les sports de compétition, il est donc crucial que les jeunes soient suivis tout au long de leurs parcours pour optimiser leurs chances, ainsi qu’au moment de mettre fin à leur carrière d’athlète. De ce fait, l’IPSSM demeure indéniablement la professionnelle possédant les aptitudes à cet effet.
D’autre part, l’implication des parents dans la réussite sportive et la performance du jeune athlète demeure un facteur à considérer, car ils jouent un rôle primordial dans le soutien social de ceux-ci (Potterat, 2022). Bien que certains sportifs évoluent loin de leur famille, lorsqu’un jeune présente des symptômes altérant sa santé psychologique, le soutien des parents s’avère essentiel. Or, ceux-ci peuvent se sentir démunis et avoir besoin de soutien à leur tour. L’IPSSM, étant donné son approche systémique et holistique, travaille en partenariat avec les parents et le jeune afin de prioriser un rétablissement optimal. En fait, elle est habileté à intervenir auprès des familles pour du soutien, mais également pour les aider avec la perspective du jeune en quête de réussite. Il est démontré qu’avec le soutien de ses parents, le jeune pourra retrouver un fonctionnement satisfaisant et atteindre les objectifs visés plus rapidement.
Nous le savons, le sport peut changer la donne sur la santé mentale de la population générale. Cependant, il ne faut pas oublier qu’une bonne santé psychologique peut changer la donne pour un athlète et ainsi lui donner accès à son plein potentiel pour performer à son maximum.
Jennifer Brown, infirmière praticienne spécialisée en santé mentale (IPSSM)
Références
- Åkesdotter C, Kenttä G, Eloranta S, Franck J. The prevalence of mental health problems in elite athletes. J Sci Med Sport. 2020 Apr;23(4):329-335. doi: 10.1016/j.jsams.2019.10.022. Epub 2019 Nov 2. PMID: 31806359.
- Bédard-Thom, C., Guay, F., & Trottier, C. (2022). Mental toughness in sport: testing the goal-expectancy-self-control (GES) model among runners and cyclists using cross-sectional and experimental designs. International Journal of Sport and Exercise Psychology, 22(3), 697–720. https://doi.org/10.1080/1612197X.2022.2161102
- Durand-Bush, N., & Van Slingerland, K. (2021). Stratégie en matière de santé mentale pour le sport de haut niveau au Canada. Le
- Groupe de partenaires en santé mentale [Centre canadien de la santé mentale et du sport, Réseau des instituts du sport olympique et paralympique du Canada, Plan de match et À nous le podium].
- Dorsch, T., E., Smith, A. L. & Dotterer, A., M. (2016). Individual, relationship, and context factors associated with parent support and pressure in organized youth sport. Psychology of Sport and Exercise, 23, 132- 141 (cité par Knight et al., 2017).
- Sahli H, Haddad M, Jebabli N, Sahli F, Ouergui I, Ouerghi N, Bragazzi NL, Zghibi M. The Effects of Verbal Encouragement and Compliments on Physical Performance and Psychophysiological Responses During the Repeated Change of Direction Sprint Test. Front Psychol. 2022 Feb 18;12:698673. doi: 10.3389/fpsyg.2021.698673. PMID: 35250684; PMCID: PMC8896045.
- L’enfant, l’adolescent et le sport de compétition. (2011). Canada: Éditions du CHU Sainte-Justine.
- Potterat, 2022; https://psychodusport.ch/2022/10/03/linfluence-des-parents-sur-les-performances-des-enfants-dans-le-sport-de-competition-un-apercu-de-la-recherche/
- Rouquette, O., Y., Knight, C., J., Lovett, V., E., & Heuzé, J. (2021). Effect of parent responsiveness on young athletes’ self-perceptions and thriving: An exploratory study in a Belgian French-Community. Psychology of Sport and Exercise, 52, 101801.
- https://www.oiiq.org/documents/20147/237836/2529-ips-lignes-directrices-web.pdf
- https://www.ordrepsy.qc.ca/-/problematiques-de-sante-mentale-rencontrees-au-sein-de-l-elite-sportive
