J’écris ce billet le cœur grand ouvert et surtout avec une grande dose de fierté pour la femme que j’ai été et celle que je suis aujourd’hui. Je ne vous apprends sans doute rien en vous disant que la santé mentale demeure un sujet tabou dans notre société souvent entourée de silence.
Notre silence, motivé par la peur du jugement et l’incompréhension, alimente les stigmates que nous nous imposons inutilement. C’est en osant briser ces chaînes et en nommant les non-dits que l’on parvient à mieux comprendre nos vulnérabilités. Je demeure convaincue qu’il faut en parler pour progresser individuellement et collectivement. Plusieurs personnes croient que porter un masque atténue la souffrance. Pourtant, j’ai longtemps fait cette erreur, croyant que c’était une stratégie viable.
J’étais tout à fait inconsciente dès mon jeune âge que je souffrais d’une anxiété maladive et étouffante. Dans mon esprit, j’étais certaine que c’était ça la normalité, vivre avec une boule pesante et omniprésente entre le ventre et la gorge. J’ai traversé un deuil traumatique à l’âge de 4 ans, soit la perte d’un parent par suicide et je dirai que cette dure épreuve a forgé en moi une peur démesurée envers la vie.
Heureusement, que j’ai obtenu un soutien de ma famille, mais le refoulement de mes émotions a été une stratégie longtemps utilisée qui m’a amené progressivement vers les maux physiques. Lorsque les mots ne s’expriment pas, les maux font surface. À l’aube de mes 14 ans, on m’a diagnostiqué la maladie de Crohn.J’ai vécu plusieurs crises et rechutes en lien avec cette maladie et c’est durant ma vingtaine que j’ai réalisé un fait marquant. Depuis toutes ces années, mis à part l’anxiété, je vivais une profonde tristesse et colère au fond de moi.
C’est à ce moment que j’ai décidé d’aller chercher de l’aide, car la souffrance que je vivais me conduisait vers un état dépressif et des comportements autodestructeurs. J’avais enfin réalisé tout le mal que je m’infligeais en étant convaincu que le silence était la meilleure issue. Parler authentiquement des maux qui m’habitaient et comprendre son origine a été le début d’une histoire beaucoup plus prometteuse pour la femme hypersensible que je suis.
J’ai fait mes propres recherches et essais-erreur en matière d’accompagnement qui m’a permis de soigner les parties de moi qui en avait grandement besoin. La psychothérapie, le développement personnel et la spiritualité (loin de tout dogme religieux) ont été les méthodes efficaces vers mon rétablissement.
J’ai donc envie de vous partager aujourd’hui une lueur d’espoir si vous ou votre enfant traversez une période sombre. Il existe un nombre incalculable de ressources disponibles pour vous venir en aide et je vais vous partager ce que dit la science sur les méthodes qui furent efficaces pour moi. Je tiens à dire que cette période de tristesse et de deuil, même si cela a été difficile à traverser, m’a amené à faire les choix qui me rendent heureuse et qui amènent désormais un sens profond à ma vie.
Ce que dit la science au sujet de la psychothérapie et la spiritualité
Cherchant des réponses dans mon propre processus de rétablissement, je me suis tournée vers la science pour comprendre comment la psychothérapie et la spiritualité pouvaient m’aider. Voici ce que j’ai découvert.
Selon une revue de littérature réalisée par Fansi et al. (2015), la psychothérapie et la pharmacothérapie offrent des résultats similaires en ce qui concerne la réduction des symptômes chez les patients souffrant de troubles anxieux ou dépressifs modérés. Toutefois, les effets bénéfiques de la psychothérapie ont tendance à se maintenir plus longtemps après la fin du traitement, comparativement à ceux des médicaments. Ainsi, la psychothérapie semble offrir une meilleure protection contre les rechutes. Pour les cas plus chroniques ou graves, l’étude démontre que la combinaison de la psychothérapie et de la pharmacothérapie est plus efficace que la psychothérapie seule.
Sur un plan personnel, j’ai trouvé un équilibre en combinant les deux approches. Au départ, j’étais sceptique quant à l’idée de prendre des médicaments. Mais je me suis rendu compte qu’à l’instar d’une personne ayant un bras cassé, si le plâtre est indispensable au début, ce sont les séances de physiothérapie qui permettent un véritable rétablissement sur le long terme.
De même, en matière de santé mentale, la pharmacothérapie joue un rôle crucial, même si elle est souvent perçue à tort comme un signe de faiblesse ou d’insuffisance personnelle. Il est faux de croire que le recours à des médicaments signifie que quelque chose ne va pas avec nous, ou que cela rendrait notre situation « anormale ». Au cours de ma pratique, j’ai trop souvent vu des patient.e.s interrompre leur médication dès qu’ils commençaient à se sentir mieux, ce qui, malheureusement, conduisait souvent à des rechutes.
Lorsque j’évoque l’aide que m’a apportée la spiritualité, je la perçois davantage comme un changement de perspective qui s’est progressivement inscrit dans ma vie. Il ne s’agit pas d’un attachement à un dogme religieux, mais plutôt d’une reconnexion à ma vérité personnelle et à mon intuition. Mes pratiques spirituelles représentent une manière de contribuer au monde tout en donnant un sens profond à mon existence et aux expériences que j’ai vécues. C’est, pour moi, un processus de dépassement personnel, doublé d’une introspection consciente, qui guide chacune de mes actions. J’ai eu la chance de cheminer avec des psychologues et thérapeutes qui incluait ma vision spirituelle à mon rétablissement.
Berghmans (2023) après avoir fait une revue exploratoire de plusieurs essais contrôlés randomisés a mis en évidence que des interventions thérapeutiques basées sur la spiritualité (ou prenant la spiritualité comme socle de réflexion thérapeutique) fournissent des ressources psychologiques intéressantes pour faire face aux problèmes des patients anxieux.
Le pouvoir de notre force intérieure
Bien que ces stratégies aient été gagnantes pour mon rétablissement personnel, je suis de celle qui croit en la force intérieure de chacun. Nous sommes tous uniques et chacun trouve les outils qui lui conviennent pour réussir à maintenir une santé mentale optimale.
Personnellement, je suis reconnaissante que ces épreuves aillent forgées la personne que je suis aujourd’hui. Je suis guidée par cet appel du coeur, soit de prévenir le fléau du suicide afin que chaque âme, ici sur cette terre, puisse se sentir aimée, soutenue et considérée.
Peu importe l’ampleur des défis auxquels vous ou votre enfant faites face, sachez que la guérison est possible. Il suffit parfois d’un premier pas vers l’acceptation pour amorcer le changement.
Ressources disponibles:
- Ligne SOS suicide : 988
- Info sociale : 811
- Tels jeunes : 1-800-263-2266
RÉFÉRENCES
Berghmans, C. (2023). L’impact des approches thérapeutiques basées sur la spiritualité dans le champ de la santé mentale au niveau de l’anxiété : une revue exploratoire de la littérature de travaux contrôlés et randomisés. Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique, 181(9), 791-801. https://doi.org/https://doi.org/10.1016/j.amp.2023.04.002
Fansi, A., Jehanno, C., Lapalme, M., Drapeau, M., & Bouchard, S. (2015). Efficacité de la psychothérapie comparativement à la pharmacothérapie dans le traitement des troubles anxieux et dépressifs chez l’adulte : une revue de la littérature. Santé mentale au Québec, 40(4), 141-173. https://doi.org/https://doi.org/10.7202/1036098ar