
Les dernières semaines ont été marquées par une vague d’émotions et d’incompréhension face à l’actualité, surtout pour les parents de jeunes LGBTQ+. Entre politiques rétrogrades et mouvements réactionnaires, il est difficile de ne pas ressentir une impression de recul. Pourtant, dans mon quotidien d’étudiante universitaire, j’évolue dans un environnement où l’équité, l’inclusion et la diversité sont au cœur des préoccupations.
Mes études à la maîtrise m’ont confirmé la cause pour laquelle j’ai envie de me battre chaque jour : offrir ne serait-ce qu’une once d’espoir aux familles et aux jeunes de la communauté 2ESLGBTQIA+. Cette communauté est exposée à un plus grand risque suicidaire comparativement à leurs pairs hétérosexuels et cisgenres, en raison des préjugés, de l’exclusion sociale et de la discrimination auxquels elle est régulièrement confrontée (EGALE, 2021; Sánchez-Teruel et al., 2024; The Trevor Project, 2023).
Le dernier rapport du GRIS-Montréal (Richard et al., 2025) met en lumière une inquiétante montée de l’intolérance des jeunes envers les personnes LGBTQ+. Une étude menée auprès de 35 000 élèves du secondaire révèle une hausse marquée du malaise face à la diversité sexuelle et de genre. Entre 2017 et 2024, le nombre de jeunes se disant inconfortables avec l’homosexualité de leur meilleur·e ami·e a doublé, atteignant 33,8 % pour une amie lesbienne et 40,4 % pour un ami gai.
Pourquoi ce recul alarmant?
Nous vivons dans une ère de polarisation extrême où la désinformation et les discours haineux circulent abondamment sur les réseaux sociaux et dans certains médias. Selon le rapport du GRIS-Montréal, les garçons, les jeunes qui pratiquent une religion et celleux qui n’ont aucun contact avec les personnes LGBTQ+ sont les plus enclins à exprimer un malaise. En tant que parents d’un jeune LGBTQ+ tout ceci engendre, avec raison, de nombreuses inquiétudes.
Une certaine élite privilégiée tente malheureusement de maintenir les stéréotypes de genre et l’ordre patriarcal sous couvert de protection des « valeurs traditionnelles ». En opposant systématiquement les droits des personnes LGBTQ+ aux droits des femmes et des enfants, ces groupes détournent le féminisme pour servir des discours conservateurs et excluants. Lorsqu’on prend le temps d’analyser tout cela, on comprend qu’en réalité, cette instrumentalisation ne vise pas à protéger qui que ce soit. Elle sert plutôt à préserver des structures de pouvoir qui profitent à une minorité au détriment des plus marginalisé·es.
Cette résistance au progrès et à l’inclusivité s’inscrit dans un rejet plus large des avancées en matière de justice sociale, de diversité et d’égalité, perpétuant ainsi un climat de peur et de division qui alimente l’intolérance.
Que faire alors en tant que parents d’un jeune LGBTQ+ ?
Il va de soi que d’accompagner son enfant LGBTQ+ peut être un long processus émotif, et il est tout à fait normal d’avoir besoin d’un temps d’adaptation. Il est important de reconnaître ses propres émotions sans pour autant les faire peser sur son enfant. Votre inconfort ou votre peur du regard des autres ne doivent pas devenir un fardeau pour elle ou lui. Prenez soin de vous en cherchant du soutien auprès d’autres parents, de groupes d’entraide ou de professionnel·les qui pourront vous accompagner dans ce cheminement. Se sentir écouté·e et compris·e vous aidera à être un·e meilleur·e allié·e pour votre enfant.
En cette semaine de prévention du suicide et face à cette tendance préoccupante, les organismes insistent sur l’importance d’une éducation inclusive et d’une meilleure représentation des réalités LGBTQ+ dans le milieu scolaire. Un rappel que les acquis en matière d’acceptation ne sont jamais définitivement acquis et qu’un travail de sensibilisation constant est nécessaire pour contrer la montée de l’intolérance. Les parents des jeunes LGBTQ+ on aussi leur rôle à jouer!
Voici un petit guide d’actions concrètes pour soutenir votre enfant LGBTQ+ :
1. Écouter avec bienveillance
☀️ Laissez votre enfant s’exprimer sans jugement.
☀️ Évitez de minimiser son vécu (« Ce n’est qu’une phase »).
☀️ Posez des questions ouvertes et soyez présent.e dans son cheminement.
2. Se renseigner et déconstruire ses préjugés
☀️Informez-vous auprès d’organismes fiables (GRIS-Montréal, Interligne, Tel-Jeunes).
☀️Acceptez d’apprendre et d’évoluer dans votre compréhension des identités LGBTQ+.
☀️Écoutez l’épisode 4 et 5 de notre Balado Parler pour vivre sur Spotify qui traite de la réalité des jeunes LGBTQ+
3. Respecter son identité
☀️Utilisez son prénom et ses pronoms choisis.
☀️Faites des efforts et corrigez-vous sans culpabiliser.
4. Offrir un environnement sécurisant
☀️Faites de la maison un espace où votre enfant peut être lui ou elle-même .
☀️Défendez votre enfant contre l’intolérance et la discrimination, que ce soit à l’école ou même au sein de la famille.
5. Lui montrer qu’iel n’est pas seul·e
☀️Partagez des modèles LGBTQ+ positifs (livres, films, personnalités publiques inspirantes).
☀️Encouragez la participation à des événements inclusifs (Conférences et groupes de soutien).
☀️Trouvez une communauté ou des groupes de parents alliés pour partager vos expériences.
6. Prendre soin de soi en tant que parent
☀️Évitez de faire peser votre inconfort ou votre peur du regard des autres sur votre enfant.
☀️Cherchez du soutien auprès d’autres parents, de groupes d’entraide ou de professionnel·les.
7. L’aimer inconditionnellement
☀️Rassurez votre enfant sur votre amour et votre soutien constant. Votre acceptation est le plus beau cadeau que vous puissiez lui offrir.
Accompagner son enfant peut être un long processus émotif : c’est normal d’avoir besoin d’un temps d’adaptation.
Être un parent ou un proche bienveillant, c’est être un refuge dans un monde parfois hostile. Chaque geste d’acceptation et de soutien peut faire une immense différence dans la vie d’un jeune LGBTQ+.
Engageons-nous à construire un avenir où iels pourront s’épanouir en toute sécurité sans crainte d’être qui iels sont réellement.
Rebecca Savard B.Sc.Inf – Étudiante à la maîtrise en sciences infirmières
Collaboration : Nathalie Maltais inf. Ph.D
RÉFÉRENCES
Chollet, M. (2024). Résister à la culpabilisation sur quelques empêchements d’exister.
EGALE. (2021). 2SLGBTQI suicide prevention research in canada: Evidence, gaps, and priorities: PHAC suicide and its prevention final report, october 2021. École de la santé publique de l’Université de Montréal,. https://www.bgccan.com/wp-content/uploads/2022/03/2SLGBTQI_Suicide_Prevention_Research_in_Canada_-_Evidence_Gaps_and_Priorities_-_Nov_12.pdf
Gabrielle, R., Graindorge, A., Charbonneau, A., Vallerand, O., & Houzeau, M. (2025). Augmentation des niveaux de malaise. Ce que les élèves du secondaire pensent de la diversité sexuelle, 2017-2024. GRIS-Montréal.
Sánchez-Teruel, D., López-Torrecillas, F., Robles-Bello, M. A., & Valencia-Naranjo, N. (2024). Protective and risk factors for suicidal behaviour in self-declared LGBTIQ+ adolescents. Behavioral sciences, 14(5). https://doi.org/10.3390/bs14050422
The Trevor Project. (2023). 2023 U.S. national survey on the mental health of LGBTQ+ young people. The Trevor Project. https://issuelab.org/resources/43825/43825.pdf